Comment tout a commencé

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Blog, Développement durable
Ce qui a commencé il y a bien des années comme projet d’une visionnaire a célébré son 25e anniversaire en 2021 : notre centre nature Thurauen. Une collaboratrice de la première heure, Cornelia Jenny, et la directrice adjointe actuelle du centre nature Thurauen, Sonja Falkner, se souviennent des quelques dernières années.

Comment tout a commencé

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Ce qui a commencé il y a bien des années comme projet d’une visionnaire a célébré son 25e anniversaire en 2021 : notre centre nature Thurauen. Une collaboratrice de la première heure, Cornelia Jenny, et la directrice adjointe actuelle du centre nature Thurauen, Sonja Falkner, se souviennent des quelques dernières années.

par Cornelia Jenny

Il y a plus de 20 ans

Non, il n’a pas d’emploi à me proposer dans son bureau de l’environnement, m’informe le monsieur à la voix grave au téléphone, mais il connaît une dame qui a créé une fondation et a besoin d’un soutien pour la réalisation de toutes ses idées. J’ai donc contacté cette dame. Elle s’appelait Regina Frey et n’avait en fait pas le temps de s’entretenir avec moi. Nous avons donc pris rendez-vous pour nous rencontrer à Winterthour.

Le soir, je suis rentrée chez moi absolument fascinée. Cette Madame Frey avait une incroyable foule d’idées, ou plutôt de visions, et sa volonté d’aborder et de réaliser ces visions était tangible et m’a énormément captivée. J’ai recherché sur Google la fondation PanEco, une minuscule ONG avec siège dans la pittoresque localité de Berg am Irchel.

En avance sur son temps

Dans les quelques informations que j’avais pu trouver jusqu’alors, deux notions ressortaient en force : l’« éducation à l’environnement » et le « développement durable ». La notion d’éducation à l’environnement m’interpellait beaucoup, puisque c’était exactement le profil professionnel que j’envisageais pour mon avenir, et un sujet sur lequel j’avais déjà accumulé une foule d’expériences. En Suisse, non seulement la notion en tant que telle était relativement inconnue, mais aussi les possibilités d’application d’une éducation à l’environnement. Et puis, il y avait ce « développement durable » … on a du mal à imaginer aujourd’hui qu’en 1990, pratiquement personne ne connaissait encore ce terme. Aujourd’hui, tout le monde en parle, il est sollicité presque à mort dans les médias et mis en exergue dans la charte de toute institution ou société qui se veut moderne. Mais dans le vocabulaire de Regina Frey et la charte de la fondation PanEco, cette notion était déjà solidement ancrée à l’époque – elle était donc largement en avance sur son temps.

Une vision devient réalité

Lors d’une réunion dans l’ancienne école de Berg am Irchel, siège officiel de la fondation PanEco, donc ici au cœur du Weinland zurichois, nous avons discuté des projets à venir – moi toute jeune à l’époque et ouverte à tout, et Regina la visionnaire avec une certaine expérience de la vie. J’ai été chargée par la fondation d’un relevé des besoins sur le thème « Éducation à l’environnement – un besoin ? ». Ce mandat a débouché sur un emploi fixe.

Conjointement avec Regina Frey, j’ai mis sur pied pas à pas l’éducation à l’environnement à Berg am Irchel. Un partenaire du projet de la première heure était à l’époque déjà la station de soins pour rapaces de Berg am Irchel (qui ne faisait alors pas encore partie de la fondation). Pendant ces années déjà, beaucoup de classes scolaires visitaient la station. En complément, nous avons proposé aux élèves une observation des rapaces dans leur habitat naturel, le Flaachemer Feld. Le vaste jardin à Berg am Irchel (aujourd’hui la ferme BungertHof) a bientôt été intégré également comme élément fixe à notre programme d’éducation environnementale. On y proposait entre autres des cours d’aménagement d’étangs, des cours de feutrage et des conférences sur les moutons.

Histoires de bureau

La fondation PanEco a grandi, et le bureau à Berg am Irchel, qui rappelait encore un peu une salle de classe ave son élément central, le poêle en faïence vert, a dû être rénové et adapté aux exigences d’un nouveau bureau avec divers postes de travail et infrastructures. Jusqu’alors, il fallait pendant les mois d’hiver chauffer le bâtiment qui n’était pratiquement pas isolé, et donc également notre bureau, au moyen du poêle en faïence. Si l’on oubliait d’allumer le feu au petit matin, la température dans la pièce n’atteignait souvent que 10 degrés – ce qui n’était pas vraiment confortable. Mais souvent, « Manis », le chien de Regina, venait me tenir compagnie au bureau et dormait sur mes pieds froids. D’ailleurs, le bureau de PanEco me semblait souvent être une espèce de point de rencontre de Berg am Irchel : puisqu’il n’y avait pas de sonnette et que la porte était pratiquement toujours ouverte, beaucoup de gens, cherchant pour la plupart Regina, venaient tout simplement au bureau. J’ai ainsi eu le sentiment de faire la connaissance de la moitié du village. Je me souviens avec plaisir des nombreux entretiens avec les villageois. Le bistrotier d’â côté, l’épicière, la secrétaire de la maison d’édition diagonalement en face, le vieux menuisier, l’industrieux charpentier, le viticulteur, le garde forestier, le curé et bien entendu aussi le facteur : tous passaient plus ou moins régulièrement au bureau – et la liste n’est pas exhaustive. La salle commune au sous-sol, qui a d’ailleurs servi à la commune de chambre funéraire pendant de longues années, est utilisée jusqu’à présent comme cuisine, salle de pause et de réunion. Même après plus de 200 ans, le bâtiment a conservé son charme.

Fondation du centre d’éducation à l’environnement UBZ NeulandWeinland

Un jalon important a été atteint avec la création officielle de l’UBZ NeulandWeinland. Avec notre programme de cours alors déjà très étendu, nous avons pu intéresser beaucoup de gens dans la région et les sensibiliser à nos objectifs. La collaboration avec les écoles et les autorités locales fonctionnait très bien, et la fondation PanEco s’est fait un excellent renom dans la région à cette époque. Les médias locaux parlaient régulièrement de nos activités. Parmi les temps forts de l’année comptait entre autres la tonte des moutons, qui réunissait tous les ans une centaine de visiteurs et visiteuses, dont beaucoup d’enfants, sur la Chileplatz. Mais la manifestation légendaire de la Saint-Nicolas dans la forêt, avec Saint Nicolas, le Père Fouettard et deux ânes, était également un élément fixe du programme, très apprécié par la population.

L’éducation locale à l’environnement avait ainsi trouvé chez PanEco une place fixe qui se heurtait souvent aussi à des limites de capacité. Nous avons donc bientôt décidé de former des stagiaires qui souhaitaient s’initier au travail d’éducation environnementale après leurs études et faire leurs premières expériences professionnelles. Ceci s’inscrivait également dans l’esprit du développement durable sur lequel PanEco mettait déjà fortement l’accent à l’époque. Certains de ces stagiaires sont restés chez nous comme collaborateurs et collaboratrices pendant de longues années, parfois jusqu’à ce jour.

Le centre nature Thurauen – un grand projet à l’étude

PanEco avait réussi à s’établir dans le domaine de l’éducation à l’environnement. Nous n’étions limités que par l’infrastructure qui nous empêchait de grandir davantage, parce qu’il n’y avait par exemple pas d’installations sanitaires ou de salles de groupe pour des manifestations. Lorsque 15 écoliers avaient encore vite besoin, avant de partir en excursion, d’aller aux uniques toilettes qui étaient en outre également utilisées par le personnel du bureau, cela créait inévitablement un goulot d’étranglement.

Le grand projet « Protection contre les crues et paysage alluvial de l’embouchure de la Thur » prévu par le canton de Zurich est donc arrivé à point nommé. Dans le cadre d’une procédure d’appel d’offres, PanEco s’était portée candidate à la gestion du centre à créer – et a finalement obtenu le mandat grâce à son ancrage local et à sa longue expérience de l’éducation à l’environnement. Bien que le chemin ait été long, depuis le « pavillon d’information » initialement prévu sur le terrain du camping TCS à Flaach jusqu’au projet du « centre Paradiso » et actuel centre nature Thurauen, ce fut la réalisation d’un grand rêve que de pouvoir planifier et mettre en place un centre nature local avec un grand rayonnement et un riche potentiel.

La phase de planification du centre nature m’a laissé le souvenir d’une période très créative. Il s’agissait de développer des idées, d’étudier les possibilités de réalisation et de générer des fonds. Nous avons cherché des partenaires pour le projet et établi de nombreux contacts. Et à côté de tout cela, l’UBZ NeulandWeinland poursuivait ses activités en parallèle.

Je me souviens encore avec plaisir du premier coup de pioche du centre nature. Le temps était froid et humide – et à l’époque, personne n’était encore vraiment capable d’imaginer ce que serait le centre. En août 2011 finalement, le grand moment arriva. Le centre nature Thurauen fut solennellement inauguré avec une fête éblouissante en présence de la conseillère fédérale Doris Leuthard et du président du Conseil d’État Markus Kägi

par Sonja Falkner

Depuis l’ouverture

Le grand afflux et les nombreuses réactions favorables après l’ouverture ont montré que les efforts des années précédentes en avaient valu la peine. La première année complète de fonctionnement, le centre nature Thurauen a accueilli plus de 16 000 visiteurs et visiteuses. Des écoles, des associations, des particuliers et même deux délégations chinoises qui souhaitaient en apprendre davantage sur la protection des eaux, l’éducation à l’environnement et la renaturation, ont tiré profit de notre offre. En très peu de temps, le centre nature s’est établi dans la région comme lieu d’apprentissage et but d’excursion. Afin de maintenir un bon équilibre entre la nature intacte et les personnes en quête de détente, PanEco a mis en place un service de rangers dans les Thurauen.

Expositions spéciales passées

Depuis lors, les Thurauen comme le centre nature n’ont cessé d’évoluer et de se développer. L’exposition permanente sur le paysage alluvial « Kosmos Auenlandschaft » proposée par le centre nature depuis son ouverture a été complétée temporairement la première année par une présentation du thème des néobiotes (des espèces animales et végétales invasives), remplacée ensuite par la première grande exposition spéciale « Abeilles ». Après les abeilles, l’attention a porté sur la couleuvre comme représentante typique du paysage alluvial, et il y a eu de petites expositions changeantes sur le thème de l’art et de la nature. L’exposition spéciale « Forêt alluviale – forêt tropicale : combien de temps encore ? » a présenté les points communs et les différences des forêts alluviales et des forêts tropicales, et mis ainsi en lumière les liens entre le centre nature et le programme de protection des orangs-outans de PanEco. À l’issue du projet des Thurauen, nous avons remanié l’exposition permanente et pu présenter en 2020 l’exposition mise à jour « Kosmos Auenlandschaft 2.0 ». Les offres diversifiées du centre nature également ont régulièrement été revues, adaptées et étendues. La collaboration avec des partenaires régionaux a été initiée et mise en œuvre avec succès, une appli Thurauen a été lancée, et plus de 2000 groupes et classes scolaires ont découvert l’univers fascinant du paysage alluvial dans le cadre d’excursions et de visites guidées.

Perspectives

Bien entendu, nous continuerons à maintenir le centre nature à jour dans les années à venir. L’exposition permanente nouvelle formule est conçue de telle sorte que l’on peut toujours y intégrer les données et les acquis les plus récents. En outre, nous présenterons tous les deux ans environ une exposition spéciale différente sur un thème relatif au paysage alluvial.

Pour la haute saison 2022, notre exposition s’enrichira d’une station supplémentaire sur la terrasse du centre nature. Elle portera sur les rapports et les interactions entre l’homme et la nature, notamment en liaison avec le changement climatique – et se penchera ainsi sur un sujet de la plus haute actualité. Par ailleurs, le sentier de découverte et l’aire adjacente pour groupes, qui ont pris de l’âge, vont être réaménagés Le circuit à travers la petite forêt alluviale continuera à mettre l’accent sur une expérience à fleur de peau de la nature, tandis que l’aire pour groupes va être transformée en un espace éducatif misant avant tout sur l’apprentissage ludique et la découverte.

Mon don pour la protection du paysage alluvial et l’éducation à l’environnement​
Montant individuel CHF
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